Aborder les concepts en géographie – Une autre démarche

Aborder les concepts en géographie – Une autre démarche

1. Contextualisation

Les concepts occupent une place importante dans les programmes de géographie

On compte 4 concepts disciplinaires :

  • continuité/discontinuité spatiale
  • atouts/contraintes (ou dépendance au milieu)
  • potentialités/vulnérabilités
  • aménagement du territoire

et 4 concepts transversaux

  • migration
  • mondialisation
  • développement
  • développement durable.  

Il n’est pas toujours aisé de pouvoir identifier les représentations qu’ont les élèves de ces concepts. Or, ces représentations sont essentielles à la compréhension des enjeux d’un territoire. Il est donc intéressant de proposer une activité qui permette d’amener les élèves à faire des observations qui illustrent ces concepts. Autrement dit, identifier comment la migration marque le territoire, comment la mondialisation marque le territoire, comment sur un territoire peut-on voir qu’on est dans une perspective de développement durable ou pas, …. Dès lors que les élèves auront pu identifier des espaces marqués par la mondialisation, la migration, des discontinuités spatiales … et résumer en quelques lignes ce qu’ils ont observé (en lien avec leurs connaissances), ils seront capables de mettre en évidence et de comprendre les enjeux d’un territoire.

Cette approche par concepts peut se faire à plusieurs moments de l’année : soit en début de séquence pour travailler sur les représentations, soit en fin de séquence en guise de structuration. Les concepts peuvent être répartis entre groupes ou travailler individuellement sur l’ensemble des concepts ou sur un concept en particulier.

Cette activité peut se faire en classe : l’enseignant projette la carte générée par l’application et les élèves identifient les espaces via smartphone en classe. Cela permet de créer une émulation entre les élèves. Le travail peut également se faire sur un seul concept.

L’outil numérique proposé ci-après a 2 avantages en classe : la collaboration et l’apprentissage par les pairs. Ce travail collaboratif stimule les élèves dans leur travail. La possibilité de consulter ce qui a été fait par ses pairs permet à l’élève « en difficulté » de s’informer par lui-même de la démarche à adopter.

La carte générée devient alors un support d’études de cas dont l’enseignant pourra se saisir tout au long de l’année pour illustrer ces concepts et exercer les compétences disciplinaires. C’est donc un bel outil de structuration.

2. Documents

3. Consignes

A l’aide de l’enquête Survey 123 : les concepts en géographie, identifie un espace qui illustre un des concepts abordés au cours de géographie.

Pour ce faire :

  • Tu identifies un espace à une échelle adéquate (on doit distinguer l’occupation du sol) qui est marqué par le concept que tu as choisi.
  • Tu décris en quelques lignes ce que tu observes en utilisant un vocabulaire adéquat afin de justifier ton choix
  • Tu insères une vue au sol ou oblique pour illustrer au mieux l’occupation du sol.

Tu devras observer 1 exemple du concept choisi pour chacun des continents suivants : en Europe, en Afrique, en Amérique du Sud, en Amérique du Nord, en Asie et en Océanie.

Le tuto pour réaliser une enquête Survey 123 se trouve ICI

Le tuto pour réaliser une application Experience Builder se trouve ICI. (Attention cela nécessite un compte d’organisation (School Bundle) – Gratuit)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Savoir-faire : Rechercher une information de manière efficace sur internet

Savoir-faire : Rechercher une information de manière efficace sur internet

Ci-dessous, vous trouverez quelques étapes à réaliser pour mener une recherche efficace sur internet.

 

1.Définir sa recherche : il est important de préciser son objet de recherche (thème, temps, lieu) afin de ne pas chercher à tout va, sans but.

2. Utiliser un moteur de recherche :

Chaque moteur de recherche a ses spécificités. Il est important de connaître les atouts et limites de votre moteur de recherche afin de mener, en toute connaissance de cause, votre recherche. Ci-dessous, vous pourrez avoir un aperçu des spécificités des moteurs de rechercher les plus utilisés. 

 

3. Rechercher par type de document ou filtrer les résultats selon ce que vous recherchez : actualités, images, vidéo, …

4. Utiliser des mots-clés :

    1. Varier les mots entrés dans le moteur de recherche. Utiliser des synonymes, par exemple.
    2. Se mettre à la place d’autres personnes, réfléchir comme eux

5. Quelques astuces pour être plus efficace :

      1. Pour rechercher un extrait de phrase, de texte: utiliser les guillemets
      2. Remplacer un mot qu’on ne connait pas par une étoile *
      3. Rechercher un type de fichier précis. Pour cela, débuter votre recherche par “Filetype :” ou pour rechercher des sites similaires, débuter votre recherche par “related :”
      4. Pour effectuer une recherche en plein texte, utiliser le raccourci “CTRL F” et écrire le mots souhaité.

5. Rechercher par image dans le moteur de recherche (Chrome, par exemple) : cette recherche est très utile quand vous possédez un image dont vous ne connaissez pas notamment la date, l’auteur, ou la source d’une image.

6. Fiabilité des sites : Ce n’est pas tout de trouver un site contenant les informations recherchées. Il faut ensuite en vérifier sa fiabilité notamment en vérifiant l’un des quatre points suivants :

    1. Qui est l’auteur ? Un particulier ? Un professionnel ? Un organisme officiel, non officiel ?
    2. Quel est l’objectif du site ? Vendre ? Informer ?
    3. Quel est le type du site ? Personnel ? Blog ?
    4. Comment le contenu est-il présenté ? Le contenu est-il mis à jour ? Quel est le registre de langue (formel, familier, etc.) ? Y a-t-il des fautes d’orthographe ?
    5. Identifier la date de la dernière(s) mise(s) à jour

Pour aller plus loin : Organiser les résultats de sa recherche : ZOTERO

Distinguer “occupation et utilisation” du sol

Distinguer “occupation et utilisation” du sol

Occupation ? Utilisation ? Souvent associées, les notions d’occupation et d’utilisation du sol sont parfois confondues pour ne pas dire incomprises. Proposer une définition et une illustration de ces deux termes n’est donc pas inutile.

L’IWEPS, l’Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique, nous propose son éclairage sur ces 2 notions :

L’occupation du sol correspond à ce qui recouvre le sol, ce qu’on y trouve : un bois, une culture, une maison, un édifice public. Il s’agit des caractéristiques biophysiques du sol.

Elle doit être distinguée de son utilisation qui précise la fonction ou l’usage d’un type d’occupation. Ainsi, une occupation du sol qui serait « pelouse » pourrait correspondre à plusieurs utilisations comme par exemple un jardin résidentiel ou un pâturage. De même, un type d’utilisation du sol peut recouvrir plusieurs catégories biophysiques : une zone résidentielle se compose de pelouses, bâtiments, surfaces imperméabilisées… Pour plus d’information, cliquer sur la référence.

Sources : SPF-Finances/AGDP – Base de données Bodem/Sol au 1er janvier 1985, 1990, 1995, 2000 et de 2002 à 2021 ; Nomenclature CPDT-SPW ARNE-IWEPS ; Calculs : IWEPS, 2021.

De son côté, le Service public de Wallonie a réalisé une storymaps commentée et illustrée afin de mieux maîtriser et comprendre ces deux notions géographiques.

La formation géographique à l’heure du virage numérique

La formation géographique à l’heure du virage numérique

L’expression « virage numérique » désigne l’intégration des technologies numériques au sein des pratiques d’une organisation, autant au niveau de la production que de la gestion. … Il s’agit d’une conversion de l’ensemble des procédés de l’organisation sur tous les niveaux.

L’évolution des représentations

L’évolution de la formation géographique ces dernières années se caractérise principalement par le passage progressif d’une géographie basée sur des notions, des théories et des modèles, à une géographie basée sur l’observation de l’occupation des espaces.

C’est une modification profonde qui n’est pas une conséquence d’un courant pédagogique de type socioconstructiviste, mais des modifications des représentations de l’espace du fait de l’environnement numérique : l’espace peut maintenant se lire comme un livre. On passe de représentations conceptuelles (cartes, plans, schémas, croquis …) ou ponctuelles et parcellaires (photographies au sol) à un système de représentation constitué de vues aériennes continues (de type Google Earth). La résolution s’adapte en fonction de l’échelle et permet de distinguer des traces des activités humaines à l’échelle de moins d’un mètre.

Les représentations de l’espace passent de vues conceptuelles et parcellaires à des quasi-réalités n’importe où sur Terre, du moment présent jusqu’à au moins 1984.

Les composantes du virage numérique

Cette mutation impacte les acquis d’apprentissage dès l’enseignement fondamental avec le besoin de nouveaux savoir-faire (manipulation des globes virtuels et autres géoportails ou SIG) et de nouveaux savoirs (principalement les indices qui permettent de reconnaitre une occupation du sol).

Cette mutation impacte les compétences requises pour enseigner la géographie avec la maitrise des outils pour multiplier les observations et les mutualiser, la connaissance des éléments qui permettent de reconnaitre des occupations du sol, la connaissance de lieux de référence pour illustrer les effets des modes de vie sur les territoires ou les effets des territoires sur les modes de vie

Ces changements relatifs aux acquis d’apprentissage et aux compétences requises pour enseigner permettent de caractériser les composantes du virage numérique pour la formation géographique. Cette mutation caractérise aussi la contribution nouvelle de la géographie à la littératie capacités à lire et communiquer des faits et phénomènes spatiaux.

Ces éléments sont déjà pris en compte dans le programme de la formation géographique qui termine son intégration par son application en 6e année de l’enseignement de transition en septembre 2021. Dans le futur Tronc commun, la capacité à identifier l’occupation du sol est au cœur de la formation géographique.

Les acquis d’apprentissage

En termes d’acquis d’apprentissage, les expériences montrent que cette mutation permet de développer une culture géographique beaucoup plus riche et qu’elle permet de développer de manière particulièrement solide les notions, les théories et les modèles géographiques en les reliant avec des réalités variées.

La mutation de la discipline scolaire peut être un levier pour accroitre les connaissances et les compétences non seulement parce qu’elle intègre des manières de représenter l’espace plus familières pour les élèves, mais aussi parce qu’elle permet d’augmenter les connaissances factuelles et conceptuelles.

Les représentations de l’espace

Les représentations de l’espace

Représentation: le fait de rendre sensible au moyen d’une image, d’une figure, d’un signe

Carte: représentation à une échelle réduite de la surface totale ou partielle du globe terrestre

Le Petit Robert

Pourquoi est-il important d’utiliser des représentations de l’espace en géographie?

La formation géographique a un sens particulier puisqu’elle permet une lecture, une compréhension, une manière de communiquer et d’illustrer particulières de l’environnement ou du monde.

Elle interroge les faits ou les phénomènes d’une manière particulière : l’interrogation géographique naît de l’analyse d’une répartition spatiale inégale d’un fait ou d’un phénomène.
Elle explique des faits ou des phénomènes d’une manière particulière. Un disparités spatiales s’explique du point de vue géographique en faisant référence à d’autres répartitions spatiales.
Elle communique des interrogations, des hypothèses ou des explications  de manière particulière. La représentation de l’espace (annotée ou construite) constitue la cœur de la communication de manière bien plus efficace que du texte.
Elle illustre des notions ou des concepts de manière particulière. Les exemples ou contrexemples illustrent comment ces notions ou ces concepts marquent, affectent, impactent, organisent … des territoires par représentations de l’espace.

Pour poser des questions pertinentes …

… du point de vue géographique.

La mise en évidence d’une répartition spatiale ne peut se faire efficacement qu’avec des représentations de l’espace. Pour s’en convaincre, il suffit d’essayer de remplacer la carte de la production agricole en calories par unité de surface par un texte qui donnerait à la fois une vue globale et détaillée de la répartition. Des dizaines de pages seraient nécessaires et le nombre de repères à connaitre de mémoire serait impressionnant.

La répartition spatiale étant mise en évidence par la représentation de l’espace, c’est son analyse en termes de disparités qui fait émerger le questionnement géographique. Si un élève avec un peu de culture géographique comprend pourquoi la production agricole est si peu présente dans le Sahara, son absence dans le bassin du Congo (au centre de l’Afrique), là où les pluies sont abondantes, est interpelant. La présence de champs circulaires (champs irrigués par pivot central) par centaines dans le centre de l’Arabie Saoudite là où les pluies sont quasi inexistantes et où ne coule aucune rivière est aussi interpelant.

C’est donc l’analyse de la répartition spatiale qui est au cœur même de l’approche géographique. Cette répartition ne pouvant se faire efficacement qu’à l’aide de représentations spatiales.

Tous les faits ou phénomènes peuvent être analysés d’un point de vue spatial. Seules les répartitions inégales , les organisations spatiales singulières, les occupations du sol inhabituelles, les évolutions spatiales inégales auront un intérêt du point de vue de la géographie.

Pour répondre à des questions …

… géographiques.

Pour comprendre des répartitions inégales, la démarche en géographie consiste à comparer une répartition spatiale qui pose question avec d’autres répartitions spatiales.

La vue ci-contre montre comment la question relative à la répartition de la production agricole à l’échelle de l’Afrique est éclairée à l’aide de trois autres composantes de l’espace.

Ces représentations permettent à la fois de dégager des généralités tout en tenant compte des exceptions. Avec du texte, ces comparaisons seraient réalisées en dizaines de pages qui nécessiteraient chez le lecteur la connaissance de références spatiales considérables et une représentation mentale de la terre de haut niveau.

Pour communiquer …

… une analyse géographique.

La carte ci-contre illustre la zone de chalandise qu’un élève a réalisée en utilisant le bouton “Analyse” puis ” Utiliser la proximité” et enfin “Créer des zones de desserte” sur ArcGIS Online. SA production met en évidence l’accessibilité en voiture (à moins de 15 minutes) du nouveau “retail park” de Couvin inauguré en avril 2021. L’analyse précise que 31.344 personnes résident dans cette zone de chalandise. Cette production cartographique est bien plus parlante que le texte inévitablement long qui serait nécessaire pour y arriver.

Pour illustrer des concepts ou des notions

Plutôt qu’un long discours, la vue aérienne oblique ci-contre met en évidence l’importance de la contrainte naturelle à laquelle le contournement de Couvin a dû faire face (en comblant une vallée avec des centaines milliers de tonnes de remblais). C’est une manière particulièrement efficace d’illustrer ce qu’est une contrainte spatiale vis-à-vis d’un aménagement.

Tous les concepts et les notions peuvent ainsi être illustrés par des vues aériennes ou d’autres représentations de l’espace. Voir ici un article qui illustre quelques concepts avec des vues et des cartes.

Cartes & Co VS vues aériennes

La carte est une représentation de l’espace au même titre que bien d’autres supports que sont les croquis cartographiques, les schémas cartographiques et les plans. Un profil du relief est aussi une représentation de l’espace.
Si la carte et le plan étaient les supports les plus répandus pour représenter l’espace au siècle dernier, le développement du numérique a donné à la vue aérienne et la vue modélisée en 3D la première place dans les supports utilisés. Cela ne veut pas dire que la carte ou le plan n’ont plus d’intérêt, mais ils sont ce qu’ils ont toujours été: des vues conceptualisées de l’espace sur lesquelles les éléments qui composent un espace sont représentés par des symboles (points, lignes et surfaces). Les nouvelles représentations issues de l’environnement numérique offrent des représentations beaucoup plus conformes ou proches de la réalité, ce qui explique leur succès et leur plus grande facilité d’accès.

Des concepts transversaux

Des concepts transversaux

Migration, mondialisation, développement et développement durable 

Quatre concepts* transversaux au programme de la formation géographique.

* Ensemble de caractéristiques propres à une catégorie d’objets, d’événements permettant d’organiser la connaissance, c’est-à-dire de classer un nouvel objet jamais rencontré dans la catégorie auquel il appartient ou hors catégorie. Bouhon M. et Dambroise C., Évaluer des compétences en classe d’histoire: élaborer une problématique et communiquer, “Lexique et Orientation bibliographique”, 2002; In Recherches en éducation [en ligne], Le portail de l’enseignement en fédération Wallonie-Bruxelles. [consulté le 20 juin 2014]. Disponible sur http://www.enseignement.be/index.php/index.php?page=25062
 

Si la formation géographique ne peut pas prétendre faire le tour de ces concepts

… elle peut les illustrer d’une manière qui lui est propre.

La question suivante permet de montrer comment la géographie permet d’exemplifier ces concepts:

Comment les espaces sont marqués par la mondialisation, par la migration, par le développement et par le développement durable ?

Ou comment la mondialisation, la migration, le développement ou le développement durable marquent les espaces ?

Il faut donc observer l’occupation du sol, son évolution ou une répartition spatiale pour conceptualiser

Conceptualiser revient à être à même d’illustrer par des exemples et des contrexemples

Usages de l’eau à Phoenix

Pour illustrer le concept de développement durable

La vue oblique extraite de Google Earth illustre une Marina construite en plein désert, tout comme la ville dont l’aire urbaine compte plus de 11 millions d’habitants. Un contrexemple d’usage raisonné de l’eau et de développement durable.

L’irrigation en Arabie Saoudite

Pour illustrer le concept de développement durable

Des milliers de champs circulaires (irrigation par pivot central) en plein milieu du désert sur plus de 500 km. L’eau est prélevée dans les nappes fossiles qui se sont formées dans un contexte climatique différent voilà des milliers d’années.

L’extraction des hydrocarbures au Texas

Pour illustrer des concepts tels que la mondialisation (ses effets sur un territoire), le développement ou le développement durable

Des milliers de forages (points blanc) reliées par des pipelines sur des centaines de kilomètres

Evolution de Las Vegas entre 1984 et 2020

Pour illustrer le concept de développement (périurbanisation) ou de développement durable (effets sur le niveau du lac)

Las-Vegas – Développement urbain

Pour illustrer le concept de développement (ségrégation sociospatiale)

Le phénomène de périurbanisation met en évidence comment les espaces urbains sont de plus en plus isolés les uns des autres, contrairement à une organisation en damier ou radioconcentrique. Chaque rue est un cul de sac.

Singapour – Développement du port pour les containers entre 2002 et 2019

Pour illustrer le concept de mondialisation (ses effets sur un territoire)

Concepts géographiques – Continuités / discontinuités spatiales

Concepts géographiques – Continuités / discontinuités spatiales

Un objet présente un intérêt du point de vue géographique dès lors que sa distribution spatiale n’est pas homogène. Les exemples mobilisés dans la suite du texte sont donc choisis parce qu’ils n’ont pas une répartition spatiale homogène!

→ Continuités/discontinuités spatiales

Si un objet ne se distribue pas de manière uniforme sur un territoire, la description de sa répartition spatiale vise à mettre en évidence des espaces où il est plus ou moins présent. Dans certains espaces, cette présence ou cette absence présente une certaine continuité. À certains endroits, la présence de l’objet varie brusquement comme s’il était face à une barrière. À l’image de ce qui est fait en histoire où l’inscription dans le temps s’attache notamment à mettre en évidence des permanences et des ruptures, l’inscription dans l’espace s’attache notamment à mettre en évidence des continuités et des discontinuités.

À titre d’exemple, la carte de la répartition de la population à l’échelle d’une partie de l’Asie met en évidence des espaces qui se distinguent des autres où la densité de la population est particulièrement élevée et d’autres où elle est particulièrement faible. C’est le cas par exemple au nord de l’Inde ou au nord-est de la Chine.

À titre d’exemple, la même carte met en évidence ce qui ressemble à une barrière vis-à-vis de la présence humaine. C’est par exemple le cas au nord de l’Inde.

Les bons mots pour le dire – Utiliser des repères spatiaux pertinents

Les mots utilisés pour situer ces deux exemples de continuités spatiales et cette discontinuité spatiale doivent être plus précis. Comme c’est exprimé plus haut, cela ne permet pas à quelqu’un qui n’a pas la carte sous les yeux de se les représenter avec suffisamment de précision.

En y regardant de plus près (changement d’échelle) et en sélectionnant d’autres composantes de l’espace, l’élève observe que la forme dessinée par la continuité au NE de la Chine correspond à une plaine alluviale occupée par deux grands fleuves : le Huang Hé (Fleuve Jaune) au Nord et le Yangtsé (Fleuve Bleu) au Sud. Il observe que l’espace densément peuplé repéré en Inde se situe dans la plaine alluviale du Gange et du Brahmapoutre (une grande partie du Bangladesh), que l’espace densément peuplé au Pakistan suit la vallée de l’Indus. Il observe que la rupture au nord de l’Inde se situe au contact entre la plaine du Gange et le massif himalayen.

Ces repères sont donc pertinents pour caractériser les trois éléments puisqu’ils permettent de se faire une représentation des espaces dont il est question: trois espaces densément peuplés ont été identifiés dans la vallée du Gange et du Brahmapoutre au nord de l’Inde et au Bangladesh, dans la vallée de l’Indus à l’est du Pakistan ainsi que dans l’immense plaine alluviale du Huang He et du Yangtsé au nord-est de la Chine. La brusque diminution de la densité de la population au nord de l’Inde correspond à la ligne de crête au sud du massif himalayen.

Les bons mots pour le dire – Utiliser des cas de référence

Les fortes et faibles valeurs étant des notions relatives, il est nécessaire de les situer par rapport à des cas de référence. Par exemple, pour caractériser l’espace de forte densité au NE de la Chine, l’élève peut utiliser l’estimateur de population du SEDAC pour indiquer qu’il s’étend sur environ 555.000 km² (18 fois la Belgique) et compte environ 450 millions d’habitants en 2020 (40 fois la population belge)!

La question suivante permet de mobiliser la connaissance du concept géographique de continuité/discontinuité spatiale: “Comment se répartit un objet étudié* sur un territoire? Quel(s) élément(s) de l’environnement** permet(tent) de caractériser des espaces de plus forte ou de plus faible présence ainsi que les ruptures en termes de répartition?

*Les principaux objets étudiés:  les risques en 3e année, l’accès à l’eau et la nourriture en 4e année, l’accès aux énergies et autres matières premières en 5e année et l’accès aux fonctions en 6e année.

**L’environnement est l’ensemble des éléments naturels et humains qui entourent un individu ou un groupe qui peuvent interagir entre elles et sur l’individu ou le groupe (milieu de vie).

L’expression de ces continuités et ces discontinuités spatiales est à la base du questionnement géographique. Pourquoi la population est-elle répartie de cette façon? Quels éléments permettent de comprendre de fortes concentrations ou un brusque changement spatial? … La curiosité géographique se travaille en grande partie à ce niveau.

En cherchant les bons mots pour exprimer ces continuités et ces discontinuités, notamment les repères pertinents et des cas de référence, l’élève identifie déjà des clés pour répondre à ses questions (voir concept suivant).

Concepts géographiques – Atouts / contraintes spatiales

Concepts géographiques – Atouts / contraintes spatiales

→ Atouts/contraintes spatiales ou l’influence de l’environnement* sur les activités humaines.

*L’environnement est l’ensemble des éléments naturels et humains qui entourent un individu ou un groupe qui peuvent interagir entre elles et sur l’individu ou le groupe (milieu de vie).

La mise en évidence de contraintes (ou d’atouts) de l’environnement vis-à-vis d’une activité humaine se met plus facilement en évidence à partir de l’observation d’une activité à une échelle locale.

Un exemple à une échelle locale

La vue ci-contre est extraite du support numérique qui accompagne le GEO84 publié par la FEGEPRO. Ce support est accessible ICI.

Illustrer une contrainte

C’est un des bâtiments du plus grand champ pétrolier d’Amérique du Nord (86 418 ha). Contraintes : du fait du permafrost, l’occupation du sol est caractérisée, à ces latitudes, par des dispositifs qui limitent le contact entre les infrastructures et le sol afin d’éviter l’enfoncement ou la détérioration de ces infrastructures (par la fonte du permafrost).


La mise en évidence de contraintes (ou d’atouts) de l’environnement vis-à-vis d’une activité humaine se met plus facilement en évidence à partir de l’observation d’une activité à une échelle locale. C’est possible aussi en partant du global au local (zoom).

Un exemple en effectuant un zoom pour observer l’occupation du sol à l’échelle locale

En superposant la carte politique, du relief et de l’hydrographie à la carte de la population, l’élève a identifié un lien entre l’occupation des espaces et le relief.  Dans le cas observé, il peut émettre l’hypothèse qu’une plaine alluviale facilite les activités humaines et donc l’occupation du sol à cet endroit. À l’inverse, il peut émettre l’hypothèse que le relief est trop contraignant pour des activités humaines à un autre endroit.

En changeant d’échelle jusqu’à l’identification de l’occupation du sol (zoom), il vérifie la pertinence ou non de ses hypothèses.

À titre d’exemples, les deux observations repérées sur la vue verticale ci-dessous et le profil du relief associé (réalisation avec Google Earth).

Dans le cas de la plaine du Gange, l’élève observe une occupation du sol dominée par des cultures sur des parcelles rectangulaires de petite taille (quelques ares à moins d’un hectare) qui découpent l’espace de manière irrégulière. Tout l’espace est plat et est mis à profit pour l’agriculture (qui domine l’occupation du sol) et l’habitat est concentré en ilots denses (pas ou peu de dispersion dans la campagne). Un relief plat et une eau en abondance facilitent le développement de l’agriculture (atouts).

Dans le cas du contrefort de l’Himalaya, même là où l’altitude n’est pas très importante (moins de 1000 mètres sur l’avant-plan de l’observation), l’élève observe des versants avec de fortes pentes. Seuls les fonds de vallées sont mis en valeur pour l’agriculture. C’est la forêt qui domine l’occupation du sol. Les pentes compliquent le développement de l’agriculture (contraintes).

La question suivante permet de mobiliser la connaissance du concept géographique d’atouts et de contraintes spatiales: “Quels éléments  de l’environnement* (naturel et humain) facilitent ou compliquent une occupation du sol ou un aménagement spécifique?

Éviter toute forme de déterminisme

La relation entre l’occupation du sol et le relief ne peut pas être généralisée à partir des deux exemples ci-dessus. À l’échelle des deux premières cartes, on distingue des espaces qui semblent ne pas s’accorder avec cette relation : au nord du massif himalayen, où la population est quasi inexistante, le relief est peu accidenté alors que des reliefs semblables ailleurs sur la vue sont densément peuplés. D’autres contrexemples peuvent s’observer dans le milieu intertropical notamment dans le cas du bassin de l’Amazone ou du fleuve Congo.

C’est en multipliant les exemples et les contrexemples que l’élève développera sa capacité à nuancer ses propos et à éviter des conclusions hâtives face à un cas nouveau.

Comprendre la complexité

Il développera aussi le réflexe de faire progressivement appel à des composantes de l’espace variées en se souvenant que dans l’un ou l’autre cas observé, des composantes spatiales différentes avaient été retenues pour comprendre une répartition spatiale.

Concepts géographiques – Potentialités et vulnérabilités spatiales

Concepts géographiques – Potentialités et vulnérabilités spatiales

→ Potentialités et vulnérabilités spatiales ou l’influence des activités humaines sur l’environnement*

*L’environnement est l’ensemble des éléments naturels et humains qui entourent un individu ou un groupe qui peuvent interagir entre elles et sur l’individu ou le groupe (milieu de vie).

Ce concept s’inscrit dans la prospective en géographie. Il concerne les effets présumés positifs ou négatifs pour l’environnement du fait de l’occupation du sol ou d’un aménagement à un endroit donné.

Ce sont des hypothèses que l’élève doit apprendre à vérifier, soit sur des éléments spatiaux observables à cet endroit, soit en référence à des cas similaires pour lesquels ces conséquences ont été constatées.

Observer des potentialités et des vulnérabilités à l’échelle d’une localité

Exemple – Vulnérabilité du fait de l’occupation d’un espace à risque

Une vulnérabilité de l’occupation de certains espaces dans une plaine alluviale est liée au risque d’inondation. Cette vulnérabilité peut être objectivée par exemple en situant l’occupation à l’aide d’une carte de l’aléa d’inondation si elle existe comme c’est le cas pour le territoire de Durbuy (carte de WalOnMap).

On peut aussi objectiver la vulnérabilité avec des supports différents, par exemple un profil du relief pour mettre en évidence la vulnérabilité de territoire au-delà des levées naturelles le long du fleuve Huang Hé (Fleuve Jaune) en Chine.

Les potentialités de l’aménagement d’un barrage sur un cours d’eau dans un espace semi-aride peuvent aussi se justifier en faisant référence à des réalisations existantes comme c’est le cas sur l’illustration de la culture irriguée associée au barrage Hardap  le long de la rivière Fish au sud de la Namibie.

La question suivante permet de mobiliser la connaissance du concept géographique de potentialités et de vulnérabilités spatiales: “Quels sont les effets présumés positifs ou négatifs pour l’environnement* du fait de l’occupation d’un espace (et donc des activités humaines) ou d’un aménagement ?

*L’environnement est l’ensemble des éléments naturels et humains qui entourent un individu ou un groupe qui peuvent interagir entre elles et sur l’individu ou le groupe (milieu de vie).

Observer des potentialités et des vulnérabilités à une échelle locale

Exemple – Vulnérabilités du fait de l’aménagement d’un retail park

Zone de chalandise

La carte ci-contre illustre la zone de chalandise du retail park de la Couvinoise inauguré fin avril 2021. Cette zone de chalandise représente les lieux accessibles en voiture en moins de 15 minutes. Cette zone compte, en 2019, 31344 habitants. Cette analyse spatiale est accessible pour tous les lieux à l’aide d’ArcGIS Online et la licence Shool Bundle gratuite pour les écoles.

Les élèves ont identifiés par des punaises une série de commerces dont les activités se retrouvent dans le retail park. Comme ces commerces se situent dans la zone de chalandise du nouvel aménagement, ils devront faire face à cette nouvelle concurrence.

Observer des potentialités et des vulnérabilités à une échelle régionale

Exemple – Potentialités du fait du contournement routier de Couvin

Le chaînon manquant

La carte ci-contre illustre des aires urbaines et met en évidence le tronçon autoroutier aménagé entre Couvin (punaise) et Charleville-Maizières (le trait noir figure l’autoroute qui existait déjà). Ces travaux permettent de relier par l’autoroute Charleroi (et Anvers et Bruxelles) à Reims (et au sud de la France).

Concepts géographiques – Aménagement du territoire

Concepts géographiques – Aménagement du territoire

Aménagement du territoire

L’aménagement du territoire est une action menée sur un territoire par les pouvoirs publics soit pour le protéger, l’améliorer et/ou corriger des dysfonctionnements.

Selon Wikipédia, “L’aménagement du territoire est « l’action et la pratique (plutôt que la science, la technique ou l’art) de disposer avec ordre, à travers l’espace d’un pays et dans une vision prospective, les êtres humains et leurs activités, les équipements et les moyens de communication qu’ils peuvent utiliser, en prenant en compte les contraintes naturelles, humaines et économiques, voire stratégiques ». Cette discipline traduit l’ensemble d’actions menées par des acteurs publics (ou privés dans le cadre de missions de service public qui leur sont confiées) qui interviennent sur un territoire donné et en façonnent son paysage (routes, ponts, usines, etc.).”

La conceptualisation se fait prioritairement en observant des exemples et des contrexemple d’aménagements.

Un exemple d’aménagement pour se prémunir d’un risque

Fukushima

La vue ci-contre illustre un paysage rural côtier à 17 km au nord de Fukushima au Japon.

Les deux images ci-dessous illustrent les effets du tsunami du 11 mars 2011. L’image ci-contre permet de se rendre compte de l’aménagement de ce même espace en vue de limiter le risque associé à ce type d’aléa. D’une part les habitations ont été retirées de l’occupation du sol tout comme les infrastructures agricoles (serres). Le cordon dunaire est réparé et renforcé par une digue. La lagune est comblée et des arbres sont replantés. Des champs de panneaux photovoltaïques sont placés là en arrière plan de l’endroit où le cordon dunaire s’est avéré le plus faible.

Avant et après le tsunami du 11 mars 2011 au nord de Fukushima

Un exemple d’aménagement pour favoriser un développement régional

Le chaînon manquant

La carte ci-contre illustre les aires urbaines et met en évidence le tronçon autoroutier aménagé entre Couvin (punaise) et Charleville-Maizières (le trait noir figure l’autoroute qui existait déjà). Ces travaux permettent de relier par l’autoroute Charleroi (et Anvers et Bruxelles) à Reims (et au sud de la France).

Un concept qui intègre les trois autres concepts géographiques

La conceptualisation de l’aménagement du territoire peut se faire en intégrant les concepts précédents:

  • le concept de continuités/discontinuités spatiales comme outil de diagnostic des besoins en termes d’aménagement. La mise en évidence de disparités spatiales en termes de risque, d’accès à des ressources ou à des fonctions permettra d’interroger le territoire afin de savoir si des aménagements s’imposent et, si c’est le cas, à quels endroits;
  • le concept d’atouts et de contraintes spatiales comme outil pour identifier les éléments  de l’environnement* (naturel et humain) qui facilitent ou compliquent un aménagement du territoire. Dès lors qu’un besoin est identifié en termes d’aménagement du territoire, ce concept permet de mettre en lumière s’il est réaliste ou non en mettant dans la balance les facilités et les complications générées par son environnement;
  • le concept de potentialités et de vulnérabilités comme outil d’identification des conséquences d’un aménagement. Quand un aménagement est réalisé, il affecte son environnement proche et moins proche. Le concept de potentialités et de vulnérabilités aidera à mettre dans la balance les conséquences positives et négatives de cette réalisation.

L’intégration de ces trois concepts dans le cadre d’un aménagement du territoire permet à l’élève de construire un point de vue argumenté.

Au-delà des acquis d’apprentissage prévus dans le programme de la formation géographique, le développement de ces concepts se prête particulièrement bien à la mise en oeuvre des compétences de l’EPC auxquelles la géographie contribue explicitement. Consultez à ce sujet les contributions de la géographie au programme de l’EPC.

*Éducation à la philosophie et à la citoyenneté, D/2017/7362/3/18. Les pages 25 et 26 ont été mises à jour en raison de l’application du programme de formation géographique (D/2018/7362/3/15) en remplacement du programme de géographie et de FGS (D/2008/7362/3/37).